Quatre questions à Diane Ducret

20/01/2020

À l’occasion de la parution de La Dictatrice, Diane Ducret nous en dit plus sur son nouveau roman.

  • En quoi le monde d’aujourd’hui vous a donné l’idée d’écrire La Dictatrice ?

« On se pense aujourd’hui hors d’atteinte de l’appropriation de la pensée par un parti politique. On se croit mieux informé, connecté, plus éduqué. Mais quand on étudie un peu l’histoire, et comment naissent les totalitarismes, je vois dans notre époque un terreau idéal et parfaitement prêt.

L’idéologie s’installe sur le vide de la pensée, la recherche de sens, la contestation, le sentiment de rejet de certain, celui partagé par tous que la société ne répond plus à nos besoins. Et on le voit partout, mouvements contestataires, identitarisme, crise écologique et climatique, sentiment d’exclusion, de fin du monde. Notre époque se cherche des  idoles, autour de figures charismatiques telle Greta Thunberg. J’ai vu dans notre époque le danger que représentent la disparition de la notion de vérité, la distorsion du sens des mots et du langage, la persuasion par la jeunesse, l’embrigadement politique des femmes par des mesures qui semblent les favoriser.»

  • Vous décrivez en détail la naissance d’une idéologie totalitaire : quelles ont été vos inspirations dans l’Histoire ?

« J’ai véritablement construit le livre comme un miroir contemporain du nazisme, en me demandant si aujourd’hui nous devions voir surgir un tel mouvement, quelles seraient ses racines, ses points forts pour séduire les foules ? A quels besoins répondrait-il ? Aurore Henri naît jour pour jour 100 ans après Hitler. J’ai donc décalé de cent ans chaque étape de l’ascension d’Hitler et j’ai été glacée de voir… que cela correspondait terriblement au moment que nous vivons. Certains des discours d’Aurore sont des transpositions de parties de discours d’Hitler lui-même, et je vous mets au défi de déceler lesquels, tant ils correspondent à notre époque.»

  • Une femme peut-elle vraiment être dictateur ? Dictatrice est d’ailleurs un néologisme, ce mot n’existe pas.

« C’est toute la question du féminisme aujourd’hui : une femme peut-elle être pervertie et destructrice au même titre qu’un homme ? Ou souhaite-t-on la voir avec une sorte de douceur, d’angélisme, qui ne correspond guère à la réalité ? Finalement, si la femme est l’égale de l’homme, ne l’est-elle pas aussi dans le pouvoir et la violence ?»

  • Quelles sont vos inspirations littéraires pour ce livre?

« 1984 d’Orwell, Le monde d’hier de Stefan Zweig, le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, mais aussi Les origines du totalitarisme d’Hannah Arendt.»

Retrouvez La Dictatrice, en librairie le 22 janvier.

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