Quatre questions à Gilles Legardinier

29/07/2021

À l'occasion de la parution de sa nouvelle comédie, Mardi soir, 19h, Gilles Legardinier vous en dit plus sur cette nouvelle histoire alliant émotion et humour.

  • Quels sont les thèmes de votre nouvelle comédie ?

Le rire pour le rire ne sert pas à grand-chose. Ce qui n’a pas de fond présente peu d’intérêt. On rit d’autant plus si l’aventure humaine s’ancre dans des situations réelles et des sentiments authentiques. Les douleurs, les doutes et les erreurs constituent à mes yeux un excellent terreau pour semer les graines d’une réjouissante fable. On parle de comédie, mais il est tout de même question d’une jeune femme déçue par sa vie !

À travers cette histoire, je souhaitais aborder le décalage que l’on ressent tous entre ce que l’on imagine de la vie lorsqu’on est jeune et ce qu’elle se révèle être quand on grandit.

Qu’est devenu l’enfant que nous étions ? Où sont passés nos rêves, nos espoirs, nos idéalismes ? Des réponses à ces questions dépend souvent notre aptitude à construire le bonheur.

Chacun de mes romans naît d’un sentiment qui me touche. L’étincelle de celui-ci a été l’impression que l’on ressent tous un jour de ne plus avancer, d’avoir une vie qui stagne. Même ceux qui n’affrontent pas de catastrophes particulières peuvent perdre foi en la vie. L’usure du quotidien, les petites déceptions qui se multiplient, le temps qui passe, privé d’accomplissement… Sans être des traumas spectaculaires, ces facteurs n’en sont pas moins destructeurs. Il faut d’autant plus s’en méfier qu’on ne les voit pas venir.

  • Votre héroïne est infirmière, est-ce important pour vous ?

Ceux qui soignent leurs semblables ont toujours été très présents dans mes romans. Ce qui les rend essentiels à mes yeux, au-delà de leur profession, c’est l’esprit qui les pousse à choisir leur domaine d’activité et à le pratiquer en dépit des conditions souvent difficiles.

Ce n’est pas tant le métier d’infirmière qui m’intéressait pour mon personnage, que ce que cette jeune femme vit au contact de ses patients. Elle y trouve un recul, une variété de rencontres et une ouverture rare. Elle ne choisit pas ceux dont elle doit prendre soin. Quand on y réfléchit, ce simple fait change tout.

J’ai souvent été amené à fréquenter les hôpitaux, le plus souvent pour accompagner des proches. Même dans ces circonstances, j’ai toujours énormément observé les gens autour de moi. J’en ai tiré une sorte de « culture hospitalière ». Mais ce n’était pas suffisant. Pour ce roman, j’ai également passé du temps en immersion dans un service de chirurgie orthopédique. Je ne cherchais pas des anecdotes, mais la vérité des gestes, des êtres, dans leurs forces et leurs fragilités. J’étais là en témoin. Ces femmes, ces hommes, j’ai eu le temps de les observer, jusqu’à ce qu’ils oublient que je me trouvais là. C’est alors que mon approche prenait tout son sens. Capter des attitudes qui racontent, des intonations de voix, des procédures standardisées teintées de personnalités réelles. On trouve souvent chez les soignants des êtres de grande empathie, qui savent raisonner au-delà de leurs propres intérêts. Cela me parle.

  • Que représente l’humour pour vous ?

L’humour est l’oxygène de l’esprit. La bouée de sauvetage qui sauve de tous les naufrages. Pour moi, l’humour est d’abord le meilleur moyen d’aborder des thèmes sérieux de façon plus légère. On a moins peur quand on rit. C’est aussi une façon d’être dans ma vie. J’aime rire, et beaucoup de ce que l’on prend trop souvent au sérieux me rend hilare.

Plus sérieusement je suis convaincu que l’humour est la forme la plus chaleureuse de l’intelligence. Celui qui cherche à vous faire rire, vous aime toujours un peu. Je préfère de loin les clowns aux donneurs de leçons.

  • Qu’espérez-vous apporter au public avec cette nouvelle histoire ?

J’aime à définir mes romans comme des fables, des histoires d’apparence légère lancées comme des ponts entre notre imaginaire et ce que nous sommes. J’aime qu’en parcourant mes pages, les gens se posent des questions sur eux-mêmes, sur leur vie, sur ce qu’ils apprécient ou ce qu’ils détestent. J’écris avec l’espoir de trouver un écho dans ces cœurs immenses.

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