Quatre questions à Véronique de Bure

• Quelle histoire raconte Un amour retrouvé ?

Un amour retrouvé raconte un amour d’automne. C’est l’histoire de Monique, veuve, qui à l’aube de ses 74 ans reçoit une longue lettre de son amour de jeunesse, celui qui avait disparu sans une explication cinquante-deux ans plus tôt avant d’en épouser une autre. Ils vont se revoir, reprendre l’histoire là où elle s’était interrompue. Ils ne sont plus les mêmes bien sûr, et c’est bien une nouvelle histoire qu’ils vont écrire à ce moment de leur vie où le temps s’accélère à mesure que les corps ralentissent, quand toujours n’est plus aussi loin qu’à vingt ans et que s’aimer pour la vie devient possible.
Une nouvelle histoire qui va bouleverser une relation mère-fille jusque-là fusionnelle.

• Comment avez-vous travaillé sur un sujet aussi délicat qu’une histoire familiale ?

En m’efforçant d’être… délicate. En effleurant l’intime sans le brusquer, tout en oblitérant rien. Ce n’est pas toujours facile. En m’attachant à être toujours au plus près de la vérité même si l’on sait bien qu’il y a autant de vérités que de regards. C’est aussi pour cela que je m’adresse directement à Monique et que, d’une certaine manière, je me suis mise au centre du récit, afin que l’on comprenne qu’il s’agit de mon seul regard, de ma seule mémoire, laquelle connaît ses failles et ses éclipses.

• Vous savez décrire comme personne, dans vos livres, le temps qui passe, la vieillesse qui vient. Diriez-vous que c’est votre sujet de prédilection ?

L’âge qui vient, le temps qui passe, m’ont toujours intéressée parce qu’ils m’ont toujours effrayée. Je crois que j’écris la vieillesse pour me rassurer, l’apprivoiser au lieu de l’étouffer pour qu’elle m’apparaisse plus douce lorsqu’elle sera là et que je n’aurai d’autre choix que de vivre avec elle.

• L’amour retrouvé, lequel est-il ?

Il est celui de Monique et de l’homme de sa fin de vie, bien sûr, mais il est également celui d’une mère et d’une fille qui se perdent et se retrouvent, et peut-être, dans une moindre mesure car je ne parlerais pas là vraiment d’amour, celui d’une fille avec son beau-père. Il y a aussi, en creux et par le biais du souvenir, les retrouvailles d’une fille et de son père disparu. Il est finalement, je crois, la réconciliation d’une fille avec son histoire familiale.