Les Mille et une douleurs

Alger, janvier 1987. Le lieutenant Haddad est chargé de mettre sous surveillance Muhammed Madani, soupçonné d’inciter le peuple à l’insurrection. Sa filature le mène à Rahwoun, le conteur qui chaque semaine se produit en place publique. Héritier d’une Schéhérazade prolétaire, Rahwoun clame, chante son peuple. Sa narration par bribe, par spirale, suivant la tradition des sourates coraniques, reflète les aléas de l’histoire algérienne. Enigmes, proverbes, prophéties, la fable renferme-t-elle les clefs de l’Histoire ? Siddiq, le petit ramasseur de sel, Si Abd Allah, l’élu, Azallah, le travailleur immigré de la cité Cortillières, acteurs de ces contes et légendes, sont-ils partisans ? Poésie ou politique ? L’affabulateur, en magicien du verbe, brouille les pistes, colporte les rêves, perpétue la mémoire. Avec la violence d’un André Brink et la faconde d’un Salman Rushdie, Brebner dresse ici un réquisitoire adouci par les mélodies orientales. Roman moucharabieh, Les mille et une douleurs mêle l’étoile et le croissant.