Millésime 54, le roman événement d'Antoine Laurain

ITW Laurain

L'auteur du Chapeau de Mitterrand et de La femme au carnet rouge revient avec Millésime 54, un voyage ébouriffant dans les années 50.

L'occasion pour Antoine Laurain d'évoquer le succès planétaire de ses romans... au charme si français.

Comment vous est venue l'idée singulière de faire voyager vos héros dans un passé si proche de vous ?

Les années cinquante sont peut-être très proches sur l'échelle du temps mais elles représentent aussi - et surtout - un monde englouti. Les chansons de ces années-là, les programmes radio, la mode, les voitures, les films au cinéma, les crieurs de journaux... que reste-t-il de tout cela dans notre époque numérique ? J'ai souvent regardé les photos de Doisneau avec l'envie d'entrer dedans pour voir "comment c'était". Cette fois je l'ai fait le temps d'un roman.

Guerres d'Indochine et d'Algérie, appel de l'Abbé Pierre... Vous n'évoquez pas ces faits marquants de l'année 1954 pour vous concentrer sur la vie quotidienne...

L'action se déroule durant quelques journées en septembre 1954. La guerre d'Indochine est en train de se résoudre, celle d'Algérie n'a pas vraiment commencé et l'hiver de l'Abbé Pierre n'est pas encore tombé sur le pays. En cette rentrée de septembre, nous sommes dans une France relativement calme et paisible. Et c'est cette France=là que je voulais décrire. Septembre est aussi le temps des vendanges. Pour l'action du livre j'étais obligé de me trouver dans ce mois-là !

Avez-vous fait lire votre livre à des personnes qui ont connu les années 1950 ?

Non seulement je leur ai fait lire mais je leur ai posé de nombreuses questions avant de commencer à écrire cette histoire. Je voulais que tout soit crédible et cela dans les moindres détails. Du contrôleur d'autobus, aux halles de Baltard. Tous m'ont dit avoir, à la lecture, retrouvé le parfum et l'ambiance de ces années-là : une sorte de légèreté et de bonhomie qui était très française et que je trouve très rassurante. « Tu sais, les gens se parlaient, dans la rue, dans le bus ou le métro » est une phrase que j'ai souvent entendue. Aujourd'hui c'est très rare d'engager la conversation avec un inconnu.

On croise Marcel Aymé dans votre roman... Clin d’œil ou filiation revendiquée ?

Ce sont des journalistes qui avaient cité Marcel Aymé à propos de Chapeau de Mitterrand et c'était un très grand compliment. J'aime l'idée que ces héros étaient des gens du quotidien et surtout j'admire son imagination prodigieuse.

Le Harry's bar est un peu le QG de votre intrigue. Pourquoi un tel attachement ?

D'abord parce que j'en suis un bon client ! Et les barmans y sont mes amis. Ensuite c'est le plus vieux bar à cocktail d'Europe et le lieu n'a pas changé et ne changera jamais. Un décor immuable, c'est extrêmement rare. C'est aussi un petit clin d’œil à cette Amérique qui accueille si chaleureusement mes livres.

Car vous êtes devenu membre d'un club très fermé : celui des écrivains français qui ont du succès à l'étranger...

Nous sommes très peu à être traduits et encore moins à avoir un lectorat à l'étranger. J'ai cette chance dans plus de vingt langues. Je suis très touché d'être invité régulièrement dans le monde pour mes livres. Il doit y avoir quelque chose de la France qui voyage et que je représente modestement avec mes histoires. Je réponds à mes lecteurs via le Net, si je peux leur apporter de bonheur avec mes romans alors j'ai réussi. Qu'une lectrice dans le Missouri ou Séoul puisse être émue par ce que j'ai écrit chez moi, m'étonnera toujours !

Quels sont les pays où l'accueil du public est le plus important ?

L'Angleterre, l'Amérique, l'Allemagne, l'Italie et l'Amérique latine, si j'en crois mes mails. La Russie, je vous dirai ça bientôt, j'y vais en novembre.

Malicieux, dandy, séducteur... Quelles sont les autres qualités que les étrangers apprécient chez les Français ?

Nous sommes porteurs de valeurs qui remontent à très loin. Il y a un esprit français incarné chez Molière et qui s'est poursuivi jusqu'à Proust, Guitry, Marcel Aymé. Un certain chic désabusé qui sait dire des choses profondes sur les êtres, la vie et l'époque sans se prendre pour autant au sérieux. Une légèreté pas si légère.

Millésime 54, en librairie le 4 avril 2018. Pour en savoir plus sur le livre, cliquez ici.

Ce site utilise des cookies nécessaires à son bon fonctionnement, des cookies de mesure d’audience et des cookies de modules sociaux. Pour plus d’informations et pour en paramétrer l’utilisation, cliquez ici. En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous consentez à l’utilisation de cookies.

fermer